Arthur Koestler, journaliste et romancier (1905 Budapest - 1983 Londres). Intellectuel engagé, il est emprisonné par les franquistes, ce qui donnera naissance à Un testament espagnol. Quelques années plus tard, il est arrêté en France et interné au camp du Vernet ; expérience qu'il relate en 1941 dans un autre ouvrage autobiographique intitulé La Lie de la terre.
Un testament espagnol :
Couvrant la guerre d'Espagne pour un journal anglais, Koestler se trouve à Malaga lorsque la ville tombe aux mains des nationalistes en février 1937. Il est immédiatement arrêté, emprisonné et condamné à mort. Dans une cellule de la prison de Malaga puis à Séville, il attend son exécution...
Koestler a écrit son "Spanish testament" après sa libération, complétant de mémoire les notes abrégées et codées qu'il avait rédigées pendant son incarcération et qu'il a pu, par d'extraordinaires circonstances, emporter avec lui à sa sortie de prison. Le texte a été édité dans la foulée et, en raison de son succès, traduit en plusieurs langues.
J'ai lu la version traduite de l'anglais par Denise Van Moppès et publiée dans la collection Livre de Poche d'Albin Michel et, sans aucune hésitation, j'ai classé ce titre parmi mes coups de .
Pourquoi ? D'abord parce qu'il est très bien écrit. Le style est très agréable et crée une grande proximité entre l'écrivain et le lecteur. Quand Koestler décrit un lieu, un personnage, une situation,... on n'a aucune difficulté à se l'imaginer. Quand Koestler fait une digression, on n'a aucun mal à le suivre sur ce chemin et à comprendre ce qu'il se passe dans sa tête.
Également, j'ai trouvé un double intérêt à cette lecture.
Primo, il s'agit d'un reportage très détaillé. Le journaliste, témoin des derniers jours de la Malaga républicaine, rend compte de l'agonie de la ville et de sa prise par les nationalistes. Puis, il dépeint les conditions de son interpellation, sa mise en détention, la vie carcérale, le statut de "incomunicado" (interdit de parler), l'exécution de ses codétenus... On est dans le factuel, le concret. C'est un témoignage nécessaire, riche de détails, d'anecdotes et d'enseignements qui illustre la répression à l'œuvre contre les individus soupçonnés, à tort ou à raison, de s'opposer au Mouvement national.
Deuzio, je voudrais revenir sur ce que j'appelle les digressions de Koestler. Ce sont des lignes qui nous éloignent du sujet principal (le reportage) mais ne sont source d'aucun ennui, bien au contraire. En partageant ses pensées avec le lecteur, Koestler dévoile un autre aspect (non factuel celui-là) de la vie dans le couloir de la mort quand, sous l'effet de la solitude, du silence et de la peur, l'esprit s'évade en méditations sur le temps qui s'étire ou se rétrécit, le sens des sentences prononcées, ou encore la peur de mourir.
Arrivée au terme de cette lecture, j'ai appris que l'édition originale en anglais contenait deux volets (une 1ère partie qui concentre les mémoires de Koestler pendant la guerre civile espagnole et une seconde partie, intitulée en anglais "Dialogue with Death", qui est le récit de son passage en prison) et que ce que je pensais être la traduction de cette édition originale (faisant à tort confiance au titre de mon livre et à la mention "texte intégral" figurant sur sa couverture) n'était en réalité que la partie II du texte original. C'est très décevant. Je reste un peu avec l'impression d'avoir été trompée par l'éditeur...
Bref, si l'un de vous pouvait me dire sous quel titre est disponible en français la partie I du "Spanish testament", je lui en serai très reconnaissante. D'avance, merci.
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