Jean Pierre BAROU, auteur et journaliste français engagé (1940 -), est l'un des fondateurs du quotidien Libération. Il a aussi cofondé Indigène Editions, la maison d'édition qui en 2010 publia Indignez-vous ! ; le manifeste signé Stéphane Hessel, véritable appel à l'insurrection pacifique, qui connût en Espagne un succès retentissant.
La guerre d'Espagne ne fait que commencer :
Pour Barou, si la guerre d'Espagne ne fait que commencer, c'est qu'on commence tout juste à comprendre ce qu'elle fut.
S'appuyant sur les écrits et les intuitions des penseurs et écrivains contemporains du conflit (Thomas Mann "Espagne", André Gide "Retour de l'URSS" et "Avertissement à l'Europe", Albert Camus "l'homme révolté" et "l'état de siège", Georges Bernanos "les grands cimetières sous la lune", George Orwell "Hommage à la Catalogne", et de nombreux poètes et intellectuels espagnols), il reprend le récit de la guerre civile d'Espagne, ce crime « contre l’intelligence et contre l’esprit », et met en perspective la conscience de 1936 avec le mouvement des Indignés.
Et l'auteur de rappeler que l'exception espagnole, car il y en a bien une, est celle-ci : contrairement à ce qui se passe ailleurs dans le monde, ce n'est pas le peuple qui ici a porté son tyran au pouvoir.
En Espagne, le peuple s'est levé contre Franco et les militaires rebelles.
Empruntant à Mann ses "revendications de la conscience", Barou voit en ce peuple de déshérités, un puissant désir d'émancipation. Il voit des "ouvriers conscients" qui croient en la liberté et le progrès. En cela, l'ouvrage propose une autre lecture, différente de celle qui remplit les livres d'Histoire, des évènements de Casas Viejas, des terreurs blanche, rouge et noire, de la bataille de l'Ebre et de l'assassinat du poète grenadin Federico García Lorca.
Autre lecture mais même épilogue : l'écrasement du peuple espagnol.
Selon Barou, ce dénouement en faveur de la tyrannie n'a été possible qu'en raison de l’infâme -et a priori inconcevable- complicité entre Franco, Hitler, Mussolini, Salazar, les "démocraties d'argent" et, pour le coup de grâce, Staline.
Vous l'aurez compris, La guerre d'Espagne ne fait que commencer n'est pas d'une approche facile pour ceux qui n'ont lu aucun des penseurs et écrivains cités. Moi, alors que j'en ai lu beaucoup, j'ai eu parfois un peu de mal à suivre Barou dans ses démonstrations mais son point de vue est très intéressant.
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