Un chemin de la Retirada

Exil

Exil

Les auteurs :

Henri FABUEL (scénario) et Jean-Marie MINGUEZ (scénario et dessin), tous deux d'origine espagnole, cosignent Exil. Cet album a été recompensé en 2013 par le prix « Mélouah - Moliterni » du Festival d'Aubenas ; prix qui distingue une bande dessinée, un scénariste ou un dessinateur ayant œuvré pour les Droits de l’Homme.

La 4ème de couverture :

Francisco est espagnol, mais il vit en France, à Perpignan.
C'est l'hiver, et il attend ses enfants pour Noël. La neige qui
tombe le replonge dans des souvenirs douloureux. En 1936,
chassé par le putsch des nationalistes, il avait dû quitter
précipitamment son village d'Andalousie ainsi que femme
et enfants. S'ensuivit une longue errance sur les routes
d'Espagne, marquée par la peur, les rencontres, l'espoir et
les désillusions. Pour ceux qui rêvaient d'une République
juste et solidaire, le rêve s'est terminé tristement dans un
poste frontière des Pyrénées, où les autorités françaises les
traitèrent comme des prisonniers. Les auteurs, eux aussi
d'origine espagnole, rendent hommage à ces hommes
et ces femmes qui, voulant fuir l'horreur de la guerre,
vécurent un nouveau calvaire sur les routes de l'exil.

Pourquoi j'ai aimé cet album ?

La couverture est juste magnifique. Depuis ses couleurs qui embrasent les plaines arrides de l'Andalousie, jusqu'à la silhouette du milicien qui, debout au pied d'un olivier centenaire, semble dire adieu à sa terre, en passant par les fils de fer barbelés qui déchiquettent les quatre lettres formant le titre de l'album, tout me plait. Et je dois avouer que c'est avec une certaine impatience que je me suis lancée dans la lecture de Exil, un peu comme on passe à table avec l'eau à la bouche après avoir lu un menu dont on sait d'avance qu'il va nous sortir de l'ordinaire.

Dès la page de titre, le lecteur plonge dans le sujet : au dessus du mot EXIL repris en grands caractères noirs, Jean-Marie Minguez a croqué une quinzaine de marcheurs. Un seul coup d'œil suffit à les reconnaitre : ce sont les combattants espagnols de la Retirada. La plupart avancent tête baissée, quelques-uns semblent fixer l'objectif du photographe, l'un d'eux lève un poing serré. Parmi ces hommes, on reconnait même la petite fille unijambiste, la sœur d'Amadeo, qui a franchi les Pyrénées par le chemin de Prats-de-Mollo. Le ton est donné.

Le récit débute à Perpignan, chez Francisco, notre personnage principal, alors qu'il attend l'arrivée de ses enfants pour Noël. Le froid de l'hiver et une vue sur les Pyrénées enneigées le ramènent au 7 février 1936 tandis qu'avec ses compagnons d'armes, il marchait sur le sentier montant jusqu'à la frontière...

Francisco se souvient de son Andalousie natale, des raisons qui l'ont obligé à quitter sa terre et sa famille. A partir de là, on le suit dans ses combats, ses épreuves, son périple au travers de l'Espagne en guerre, jusqu'au camp d'Argelès-sur-Mer et au camp Joffre de Rivesaltes. Notre voyage dans le temps s'achève près d'une centaine de planches plus tard, en revenant au présent de Francisco.

En définitive, le scénario offre une vision assez complète de ce que fut l'exil républicain : aux horreurs de la guerre civile ont succédé l'accablement de la défaite, la déchirure de l'exil, et l'impossible choix entre assimilation et reémigration, la grande Histoire broyant sur son passage les histoires personnelles et familiales des hommes et des femmes qui l'ont faite. C'est pourquoi, si vous ne deviez lire qu'une seule bande-dessinée sur la guerre civile d'Espagne et l'exil des républicains espagnols, il faudrait que ce soit celle-ci !

L'album est truffé de références. J'en ai relevé quelques-unes : la fillette de Prats, la citation du poète irlandais Charlie Donnelly, un extrait des paroles du chant "a las barricadas", un clin d'œil à Antonio Machado,... mais je suis certainement passée à côté de beaucoup d'autres. Aussi, si vous êtes un peu joueur, n'hésitez pas compléter cette liste en laissant un petit commentaire sur cette page.

Description : BD adulte. 1 volume (101 p.) en français, édité par Glénat / Vents d'Ouest, 2013.
Vents d'Ouest a réédité Exil en 2021 avec une nouvelle couverture et un cahier graphique supplémentaire en fin d'ouvrage.

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