Les auteurs :
Pas d'auteurs au pluriel ici. Après une première ébauche du voyage d'Ernesto il y a 10 ans, un début sur le site Coconino World, puis une résidence d'artistes à Saint-Symphorien, Marion DUCLOS signe à la fois le scénario et les dessins de cette bande-dessinée publiée chez Casterman. Pour cela, elle s'est nourrie de témoignages d'exilés, mais aussi des histoires que lui ont confiés des enfants et des petits-enfants d'exilés.
La 4ème de couverture :
Ernesto est un grand-père pas très bavard. Il vit à Tours, mais son accent ne trompe pas : on sait bien qu'il vient de l'autre côté des Pyrénées. Le franquisme lui a volé sa jeunesse... Ernesto tait ses blessures.
Et la vie file à toute allure. L'Espagne, les oranges grosses comme des melons, les melons doux comme du miel... Un matin, tout l'appelle.
Et avec son vieux copain Thomas, le combattant pour la République prend la route.
Pourquoi j'ai aimé cet album ?
J'avoue que si quelqu'un de mon entourage ne m'avait pas montré cette BD en accompagnant son "ça devrait te plaire" d'un clin d'oeil, je n'aurai jamais ouvert cet album. Pourquoi ? Parce que sa couverture n’éveille en moi aucun intérêt.
La suite n'a plus été qu'une succession de bonnes surprises !
J'ai commencé par retourner l'album pour lire la 4ème de couverture : le texte est accompagné de dessins figurant une fillette qui virevolte à la manière d'une danseuse de flamenco et qui, se faisant, se revêt de tout ce qui fait l'identité d'une flamenquita. Ça m'a parlé. Ça m'a touchée. Premier bon point !
Puis, j'ai ouvert l'album et remarqué que la préface était signée de Genevière Dreyfus-Armand. Deuxième bon point ! Mais je n'ai pas lu le texte de Mme Dreyfus-Armand, du moins pas tout de suite. Car, je ne lis jamais une préface avant d'avoir lu l'ouvrage qu'elle introduit. J'ai pris cette habitude il y a très longtemps, lorsque je me suis aperçue que les points de vue qui y étaient exprimés influençaient ma lecture.
Je me suis donc installée confortablement puis j'ai plongé dans les 152 planches, comme ça, d'une traite. Un peu déconcertée au début par les choix (de couleurs, de police de caractère, d'organisation des cases ...), je me suis rapidement sentie proche de cette famille où, bien que l'on taise les blessures, surgissent parfois au détour d'une conversation les bribes d'une histoire douloureuse.
Ernesto ne parle pas de sa jeunesse. Il n'a rien dit à sa fille de cette guerre d'Espagne qui lui a tant pris. C'est trop difficile. C'est seulement au hasard d'une soirée improvisée, en présence d'autres espagnols comme lui, qu'Ernesto va évoquer ce passé qui le fait souffrir depuis toutes ces d'années. Et, lorsqu' enfin le silence se brise, c'est toute une famille qui va mieux. Comme si pendant tout le temps des non-dits, chacun avait retenu son souffle.
Toutes les familles de réfugiés savent de quoi il retourne, non ?
A la fin de l'album viennent encore 2 doubles pages cosignées par Cindy Coignard et Maëlle Maugendre (= article La Retirada ou l'exil républicain espagnol d'après-guerre aussi disponible : https://www.histoire-immigration.fr/caracteristiques-migratoires-selon-les-pays-d-origine/la-retirada-ou-l-exil-republicain-espagnol-d-apres-guerre) et une chronologie.
Bref, vous l'aurez compris : j'ai beaucoup aimé Ernesto !
Description : BD adulte. 1 volume (160 p.) en français, édité par Casterman, 2017.
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