Pourquoi, en dépit de toutes les publications des historiens, on continue de croire que les réfugiés espagnols ne sont pas rentrés en Espagne ?
Pour comprendre d'où vient cette idée très répandue, il nous faut remonter dans le temps et nous replonger dans le contexte de l'année 1939 quand, au plus fort de l'hiver, un flux continu de réfugiés ruisselle le long des pentes des Pyrénées, se déverse sur la plaine du Roussillon et les grandes plages du Midi. Cette vision marque profondément les esprits ! De là à voir des Espagnols partout, il n'y a qu'un pas et il est vite franchi car tous en sont témoins. Que l'on réside dans un département pyrénéen ou à proximité d'un centre d'hébergement, que l'on travaille dans une usine, une ferme ou une entreprise employant un travailleur étranger, ou que simplement on lise les journaux : c'est un fait, les "rouges", les "miliciens marxistes", les "Espagnols " sont partout !
Comment imaginer alors qu'il ne s'agit là que de la partie visible de l'iceberg ? Que la plupart des réfugiés qui ont franchi la frontière au cours de l'hiver 39 ne sont déjà plus ici ? Qu'ils ont quitté le territoire français pour s'en retourner en Espagne ? C'est impossible.
Et puis, ce ne sont pas les autorités qui vont contredire le sentiment général. L'époque est à la xénophobie et au repli sur soi, il ne s'agirait pas d'aller à contre courant ! Quelque soit le nombre des retours, pour les autorités, il est toujours insuffisant. Alors on multiplie les actions et les campagnes pour convaincre les récalcitrants de rentrer chez eux.
Quant aux réfugiés qui demeurent sur le sol français, ils sont la preuve vivante que le retour est impossible.
Au fil du temps, un sentiment répandu s'est mué en certitude et tous, réfugiés, médias, opinion publique, descendants d'Espagnols, sommes ainsi restés convaincus que l'immense majorité des Espagnols qui avaient participé à la Retirada n'avait pu retourner en Espagne.
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