Les républicains croyaient dur en la résistance catalane. Tous pensaient : "Barcelone ne peut pas être prise!" Oui, c'est vrai que le défilé d'adieu des Brigades internationales, le 15 novembre 1938, avait porté un coup immense au moral des barcelonais et des réfugiés de toutes les régions d'Espagne qui s'étaient amassés dans cette zone. Vrai qu'on y subissait la famine. Vrai aussi que les dernières levées d'hommes étaient restées vaines. Malgré tout, quand le 23 décembre 1938, Franco lance la Campagne de Catalogne et que le front cède en plusieurs points, on croit encore que ¡no pasarán! à Barcelone.
Mais moins d'un mois plus tard, prise en étau entre, d'un côté, les armées des généraux Yagüe et Asencio et, de l'autre, celles du général Valiño, Barcelone ne se défend pas. Et le 26 janvier 1939, les nationalistes pénètrent dans la capitale catalane. Le jour même commence le plus grand exode de la guerre civile.
Des dizaines de milliers de femmes, d'hommes et d'enfants, jeunes et vieux, blessés et valides, civils et combattants, prennent la route de l'exil dans l'espoir de trouver refuge en France. L'administration française n'est pas préparée à ce déferlement. Les autorités sont complètement prises de court. Après avoir longtemps hésité, elles activent à nouveau le "plan de barrage" de Ménard et le 28 janvier se décident à ouvrir la frontière aux civils.
Le gros des troupes républicaines commence à se replier le 5 février, jour de la chute de Gérone, le gouvernement républicain ayant dans le même temps obtenu de la France qu'elle ouvre sa frontière aux combattants. La dernière division, celle dite de couverture, passe en France le 11, à Portbou, tandis que quelques unités isolées résistent encore du côté de Puigcerda. Le 13 février, l'armée nationaliste finit de prendre possession de tous les points de passage et la frontière est fermée. Malgré tout, de petits groupes de réfugiés civils et militaires parviennent encore à se faufiler en France par les sentiers de montagne.
Sitôt arrivés sur le sol français, les combattants sont désarmés puis ils sont acheminés, ainsi que les civils, vers des camps montés à la hâte.
Le rapport Valière présenté à la Chambre le 9 mars 1939 fait état de 440 000 réfugiés, dont 220 000 civils, 210 000 soldats ou miliciens et 10 000 blessés. Un peu plus tard, le ministre de l'Intérieur annoncera le nombre de 514 000 réfugiés.
Leur accueil, organisé dans l'urgence et l'improvisation, se révèlera calamiteux (voir la fiche La politique d'accueil).
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