Arrivés à Angoulême, mère et fils se retrouvent avec plusieurs centaines d'autres réfugiés, principalement des femmes et des enfants, entassés dans les étages supérieurs d'un garage attenant à la gare.
Dans les jours suivants, ils sont transférés par autobus au camp de la Combe-aux-Loups à Ruelle. C'est un camp de taille moyenne qui comprend une dizaine de bâtiments de brique, pouvant héberger environ 2 000 réfugiés. Leur dortoir est semblable à tous les autres. C'est une pièce disposant d'une porte à chaque extrémité, où sont disposées 3 rangées de paillasses. Elle est éclairée par de grandes fenêtres sans volets et chauffée par un poêle à charbon.
Pour les repas, ils font la queue en file indienne avec leur assiette pour recevoir leur ration puis ils prennent place sur un banc devant l'une des longues tables.
Au début, les sorties sont interdites. Ensuite, les grilles sont ouvertes du matin jusqu’au soir des laissez-passer faisant office de pièces d'identité leur sont distribués.
Quelques jours après leur arrivée, Francisco commence à apprendre le français. Les 200 enfants du camp sont répartis en groupe qu'un surveillant emmène soit à la salle des fêtes, soit à l'école des Seguins.
A Ruelle, de nombreux particuliers accueillent des réfugiés espagnols sous leur toit ou à leur table. Le 29 mars 1939, Francisco peut quitter le camp (tandis que sa mère demeure internée) car Madame Sitaud le recueille chez elle. Il y trouve confort et réconfort, et il progresse en français.
Entre-temps, sur un terrain dit "aux Alliers" situé à l'entrée Sud d'Angoulême, le Préfet de Charente, voulant récupérer les bâtiments de la Combe-aux-Loups, fait construire à la hâte des baraques de bois. Les travaux ne sont pas encore achevés que le 1er septembre 1939, le camp accueille ses premiers 1 800 "pensionnaires".
Francisco (car les enfants hébergés chez les particuliers n'échappent pas à la "reconcentration" décidée par les autorités) et sa mère font partie du long cortège qui quitte Ruelle et, passant par la rive droite de la Touvre et l'ancienne nationale 10, rejoint le camp des Alliers à pied.
La vie y est très difficile : il n'y a pas encore de sanitaires (il faut se contenter d'une tranchée creusée au fond du camp) et quelques baraques n'ont pas encore de toit.
Par la suite, des fentes apparaissent entre les planches de la baraque. Le toit non plus n'est pas étanche. Quand il pleut, l'eau s'infiltre partout et fait même rouiller le poêle à charbon !
Pour Francisco, c'est très dur, même si les cours à l'école Jules Ferry lui permettent d'échapper quelques heures à la misère du camp.
Dès la mi-septembre, le camp commence à se vider (c'est le moment où l'administration se lance dans une grande campagne de persuasion pour obtenir des réfugiés qu'ils retournent en Espagne). A la mi-novembre, ils ne sont plus que 400 réfugiés aux Alliers, dont Francisco et sa mère qui espère toujours renouer un contact avec les autres membres de la famille.
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